En utilisant un système exploitant les communications neuronales silencieuses, Facebook pourrait être en mesure de proposer aux handicapés de retranscrire sur un écran jusqu'à 100 mots à la minute uniquement par la pensée. Un système inspiré de ce qu'a présenté en février dernier l'Université de Standford.
Regina Dugan, vice-présidente de l'ingénierie de Facebook, lors de l'événement F8 mercredi 19 avril. (crédit : D.R.) |
Facebook a révélé mercredi travailler sur une
technologie permettant aux individus de taper jusqu'à 100 mots par minute
directement depuis leurs cerveaux. Cette annonce a été faite ce mercredi lors
de F8, la conférence développeurs du géant du réseau social à San José (18-19
avril 2017). Une équipe de plus de 60 scientifiques et ingénieurs sont à
l'oeuvre au sein du secret laboratoire de recherche Building 8 sur ce que
Facebook appelle les discours silencieux. Un autre projet est également dans
les tuyaux, pour permettre aux personnes d'entendre avec leurs peaux, pour
lequel la société conçoit matériel et logiciel nécessaire.
« Alors, que faire si vous pouviez taper [des mots]
directement depuis votre cerveau ? », a lancé Regina Dugan, vice-présidente de
l'ingénierie et de Building 8, lors de la conférence F8 mercredi. Pour
Facebook, cette question semble loin d'être spéculative. « D'ici 2 ans, nous
construirons des systèmes qui démontreront la capacité à taper à 100 mots par
minute en décodant l'activité neuronale dédiée à la parole », a indiqué dans un billet Regina Dugan. Avant d'entrer chez
Facebook, Regine Dugan avait été à la tête de la division projets et
technologies avancés de Google et a été précédemment directrice de la Darpa,
l'agence de recherche du département américain de la Défense. « Cela semble
impossible mais est plus proche que ce que vous pouvez imaginer », a-t-elle
précisée.
Le décodage des pensées pas (encore) au programme
Le concept d'écriture par la pensée n'est pas vraiment
nouvelle. Des chercheurs de l'université de Standford ont par exemple annoncé
en février dernier une interface cerveau-ordinateur permettant à des personnes
paralysées d'interagir sur un écran via des électrodes placées sur leur cerveau
afin d'enregistrer des signaux depuis le cortex moteur contrôlant le mouvement
musculaire. L'approche de Facebook sera centrée sur le développement d'un
système non invasif qui pourrait un jour devenir une « prothèse à la parole »
pour les personnes rencontrant des troubles de la communication ou un nouveau
moyen de mettre en pied dans la réalité augmentée. Dans sa keynote, Regina
Dugan a indiqué que planter des électrodes dans le cerveau n'était pas
industrialisable et que Facebook travaillait sur des capteurs non intrusifs.
Les techniques d'imagerie optique ont le plus de potentiel pour fournir la
résolution temporelle et spatiale requise pour mapper les signaux du cerveau,
a-t-elle ajouté.
Afin de répondre aux problématiques de vie privée, Regina
Dugan a fait savoir que cette technologie n'était pas dédiée au décodage des
pensées d'une personne. L'objectif étant de décoder les mots qu'une personne
décide de partager et d'envoyer au centre discursif du cerveau. « Nos cerveaux
produisent suffisamment de données pour diffuser 4 films HD chaque seconde », a
écrit par ailleurs le CEO de Facebook Mark Zuckerberg dans un billet.
« Le problème est que la transmission de parole peut seulement transmettre un
volume équivalent de données à modem des années 80. Le cerveau humain diffuse
lui à 1 teraoctet par seconde bien que le lange est transmis à 40-60 bits par
seconde », a expliqué Regina Dugan qui a décrit la parole essentiellement comme
un algorithme de compression à perte.
Un débouché pour la réalité augmentée
Le but de Facebook est de développer un système qui
permettra aux gens de taper directement depuis leurs cerveaux près de 5 fois
plus vite qu'ils le font avec leur téléphone aujourd'hui, et qui pourrait
éventuellement prendre la forme d'une technologie d'accessoires et de vêtements
connectés fabriqués à grande échelle. « Même un simple "clic" de
cerveau oui/non rendrait les choses comme la réalité augmentée bien plus
naturel », a écrit Marc Zuckerberg.
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