UN
PEU D'HISTOIRE - Le dimanche de Pâques varie chaque année : il est fixé après
l’équinoxe de printemps, le dimanche qui suit la pleine lune. Mais si le
dimanche, les Chrétiens célèbrent la résurrection du Christ, pour quelles
raisons le lundi qui suit est-il toujours férié ?
La rédaction de LCI
C’est un mystère que même certains catholiques peinent
à expliquer, quand la question leur est posée : pourquoi diable, le lundi de
Pâques est-il férié ?
En France, six jours fériés sont liés à
la religion : le lundi de Pâques, le jeudi de l’Ascension, le lundi de
Pentecôte, de l’Assomption (le 15 août), de la Toussaint et du jour de Noël. Le
lundi de Pâques est celui qui "enclenche" la saison – arrivent ensuite
les attendus week-ends à rallonge du mois de mai. Mais il est le seul, sur
lequel il ne se passe rien. RIEN. Pas de cérémonie religieuse, pas de repas de
famille, pas de commémoration. Juste le fait de ne pas travailler. Alors, pourquoi
? Pourquoi ce lundi est-il férié, alors que la fête pascale est célébrée le
dimanche ?
Fêter Pâques pendant huit jours
Pour
l'expliquer, il faut se replonger un peu dans l'Histoire. Et se rappeler que la
résurrection du Christ est le moment le plus important du calendrier chrétien.
Pour marquer cette date, l’empereur Constantin (272-337 après JC) a
introduit sous son règne l'"Octave de Pâques", une période qui
désigne les huit jours qui suivent la fête de Pâques. Pendant toute cette
semaine, la messe était célébrée tous les jours en reprenant les prières de
Pâques. Une moment encore festif, pour marquer le fait que la résurrection se
prolonge au-delà de la fête en elle-même.
Dans le "Journald'Egérie", une pèlerine de l’époque raconte son voyage à
Jérusalem à la fin du IVe, et décrit les fastes et les célébrations menées
pendant cette période : "Pendant l’Octave, toute cette pompe et cette
décoration se déploient dans tous les lieux saints. (…) Les moines de
l’endroit, au complet, continuent à veiller jusqu’au jour en disant des hymnes
et des antiennes. (…) A cause de la solennité et de la pompe de ces jours, des
foules innombrables se rassemblent de partout, non seulement des moines, mais
aussi des laïques, hommes et femmes."
Un petit nettoyage dans les fêtes religieuses
La tradition a perduré en France. Depuis le Moyen-Age,
cette semaine suivant la fête de Pâques, était entièrement fériée, permettant à
certains de partir en pèlerinage à Rome.
Au fil des années, des décennies, les fêtes
religieuses s’accumulent. Et l’inflation est telle que le concile de
Trente (au XVIe siècle) puis plus tard le concile Vatican II n’hésiteront pas à
en supprimer. A la veille de la révolution française, il existe tout de
même encore 40 et 50 jours fériés religieux en France, en plus des dimanches. Les
révolutionnaires vont en supprimer un certain nombre, mais certaines
traditions, comme les fêtes de la Saint-Jean restent indéboulonnables, trop
bien ancrées dans les habitudes et coutume de la France paysanne de l'époque.
C’est Napoléon, en 1802, qui prend à nouveau les
choses en main et veut faire le grand ménage. En effet, la signature du
Concordat marque un tournant : l’organisation des pratiques religieuses en
France n’est plus sous la tutelle de Rome, l’Eglise catholique passe sous l’autorité
de Napoléon Bonaparte. Celui qui est alors Premier consul négocie ainsi avec
l’Eglise catholique, sur le nombre de fêtes chômées. Il en réchappera quatre,
rythmant les saisons : la Toussaint à l’automne, Noël en hiver, l’Ascension au
printemps et l’Assomption en été. La semaine de l’Octave de Pâques n’échappe
pas au coup de ciseau, et seul subsistent de ces huit jours fériés, le lundi de
Pâques, seul compromis trouvé, et désigné apparemment un peu arbitrairement.
Reste que cette tradition de garder le deuxième jour de l'Octave chômé a
finalement été suivie par de nombreux pays européens : il est férié dans la
plupart d'entre eux.
Cette date de Pâques, à la différence de
celle de Noël, est également variable : elle tombe toujours un dimanche, mais
la date est calée le dimanche qui suit la première pleine lune après l’équinoxe
de printemps, le 21 mars. Ce qui explique aussi en partie pourquoi cette
tradition est restée, et que les Français ont un jour supplémentaire.
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